Le community manager a toujours été perçu comme la personne qui poste sur les réseaux sociaux sans chercher à en savoir plus. Si ce rôle est jugé indispensable, ce n’est pas pour autant que la rémunération le démontre. Le salaire du community manager en 2025 n’a guère évolué en comparaison des années passées.
On reste encore sur un métier sous-valorisé, malgré un impact direct sur la visibilité en ligne des marques et des entreprises, la relation client et parfois même les ventes.
Alors pourquoi le community manager est-il mal payé au sein de nombreuses structures ?
La méconnaissance du community management et de ses valeurs
Depuis son avènement, on n’a jamais cessé d’évangéliser sur le métier de CM et sur son importance à l’ère des réseaux sociaux. Beaucoup d’entreprises réduisent encore le community management à de l’animation et du suivi sur les plateformes sociales, alors que c’est un rôle qui va bien au-delà.
On oublie de valoriser tout ce qui va autour du métier, bien que ces points soient pourtant soulevés au sein des offres d’emploi. On préfère en mettre des tartines, de crainte que le CM ne puisse pas répondre à des besoins et attentes qui surviendraient. De ce fait on en vient à chercher un profil plutôt « fourre-tout », d’où le terme parfois employé de « couteau Suisse du digital« .
Le CM travaille sur de nombreuses tâches qui sont tout de même à considérer et parmi elles :
- les veilles,
- la création et le déploiement des stratégies (social media, éditoriale, contenu, etc.),
- la création de contenu,
- l’analyse de données,
- le travail sur l’e-reputation,
- la modération et la gestion de crise,
- le pilotage de campagnes d’influence, campagnes publicitaires, etc.
Sans avoir une vision claire du périmètre du rôle, on se contente souvent de percevoir le poste comme un « rôle d’exécutant”, ce qui conduit à une rémunération relativement faible.
Ce qu’il faudrait faire, c’est définir un périmètre de missions avec des objectifs à atteindre, des livrables, des canaux à investir, des reporting à réaliser, etc. et dans certains cas, associer le CM à des indicateurs de trafic, de leads qualifiés (dans le B2B), du niveau de satisfaction de la relation client, etc.
Les objectifs en community management peuvent être nombreux, mais il faut savoir les soulever et impliquer le community manager dans les missions à accomplir pour les atteindre.
Inconvénient majeur : l’un des constats majeurs perçu en entreprise, est le manque de (re)connaissance du métier et le degré d’implication des responsables. La solution serait avant tout de former les personnes aux postes clés, pour avoir une connaissance approfondie du métier et ainsi avoir les bons éléments de langage.
La difficulté à démontrer le réel impact du community management
Les effets d’un bon CM se voient parfois dans la durée (fidélisation, e-réputation, SEO social). Sans traçabilité (UTM, tableaux de bord, post-view, attribution), la valeur est invisible… donc mal payée.
Ce qu’il faut faire : instrumenter : naming UTM, tableaux de bord mensuels (6 KPI max), synthèse “3 enseignements → 3 actions”. Raconter la progression, pas seulement la photo du mois.
Les problèmes liés au recrutement des community managers
Le community management est trop souvent confié à des profils junior à qui on demande de savoir tout faire et de tout maitriser. S’imaginer qu’un community manager peut tout faire sans même valoriser sa rémunération, où aller chercher des compétences spécifiques sans les considérer, est une hérésie. Aujourd’hui il faut aller chercher des talents, ou des CM débutants qui seront limités dans leur tâches, mais avec une perspective d’évolution.
Dans l’idée il est nettement préférable de chercher des profils ayant une expérience dans un domaine spécifique avec une maitrise de certains outils et des plateformes sociales, que faire focus sur des profils sortis d’école. Sans expérience concrète, quand on sait que le CM est une interface entre une marque et sa communauté, ça peut vite représenter un risque non mesurée, de lui confier des tâches sensibles dés le départ.
Il faut être capable d’encadrer le CM, de le former à la politique interne et aux valeurs, et à travailler en synergie avec les différents services, notamment la communication et le marketing, voir le commercial également.
Distinguer les valeurs de chaque profil et faire appel à des expertises/expériences spécifiques, conduira vers le bon profil plus facilement. Il est inutile de charger une offre d’emploi de tout un tas de compétences, sans mettre le salaire adéquat en face.
Un marché divisé et une pression tarifaire chez les indépendants
Le marché du community management est aussi un marché divisé et dicté par une politique tarifaire qui tire vers le bas chez les débutants. D’un côté des CM freelances à bas prix et de l’autre des plateformes de projets et de sous-traitance ouvert à l’étranger. Chacun tente de percer en se lançant en indépendant ! peut-être dû au fait qu’il y a trop de CM qui sortent d’école et qui se retrouvent rapidement sans emploi et sans capacité à se vendre.
Certains décideurs comparent les prix de ces indépendants qui se rendent visibles sur les réseaux sociaux et sur les plateformes, et se font leurs propres idées. Le plus bas prix devient vite une référence, au détriment des réels besoins de l’entreprise et de la qualité de la prestation.
Malheureusement de très nombreux CM stoppent leur activité avant même de dépasser une année d’activité, à cause d’une tarification beaucoup trop basse et non réfléchie en amont.
Suivre les mauvais indicateurs de performance en interne
Il est clair que les likes et les impressions ne paieront pas les factures. Si la performance est uniquement évaluée sur des indicateurs social media, la direction ne verra aucun lien direct avec le chiffre d’affaires. Ce qui encore une fois conduira à la vision d’un poste peu valorisé.
Ce qu’il faudrait faire : aligner la performance sur des KPI utiles et les lier à des objectifs clairs qui ne sortent pas du périmètre du CM. Sur un objectif de trafic, le but serait de démontrer le résultat et de creuser sur les ventes qui en découleraient. Le CM s’intéressait ainsi à la portée de son travail, mais sans aller sur la partie commerciale qui n’est pas son rôle.
Il est inutile de vouloir interpréter un ROI en community management, car il ne parlera jamais à des financiers qui s’attendent à du chiffre d’affaires suite à un budget débloqué et/ou un investissement.
Les budgets serrés des TPE et PME
Au sein des petites structures, la part allouée au digital est relativement limitée. Le CM reste un rôle méconnu ou jugé inutile à l’instant T. On cherche plutôt à faire des investissements jugés plus utiles et attendre que l’activité décolle réellement pour penser à du recrutement.
Le community manager n’est pas une priorité pour une majorité de petites structures. La gestion d’une présence en ligne sera même parfois confiée à une personne communicante, qui aura déjà de nombreuses missions à son actif.
En clair on minimise le rôle et on cherche à le déléguer à une personne qui pourra y consacrer une à deux heures par semaine à peine. Les résultats ne seront jamais au rendez-vous et l’intérêt porté au rôle ne fera que décroitre.
Comment mieux valoriser le métier du côté CM ?
Pour le community manager il est intéressant d’aller chercher des spécialisations et de faire valoir à minima une expérience qui peut être en lien avec le secteur visé. Pour mieux se vendre il est clair qu’il faut également montrer des preuves et des exemples de missions réussies.
- Se spécialiser : secteur tourisme, B2B, immobilier, cosmétique, retail, etc. ou sur des leviers spécifiques comme la modération, l’infleunce, l’optimisation de contenu, le montage de vidéo courte, etc. La spécialisation offre une meilleure rémunération.
- Vendre des résultats et pas des heures : fixer des offres par objectifs : lancement, recrutement, social care, etc. avec des livrables et des KPI.
- Montrer la preuve : réaliser des mini-études de cas avant/après, des extraits de reporting, des captures anonymisées et des verbatims clients.
- Packager l’offre : Essentiel / Croissance / Premium (périmètre, fréquence, délais de réponse, reporting, options).
- Éduquer en amont : expliquer le coût réel (création, droits, outils, modération, veille).
- Clauses saines : délais raisonnables, charte d’échanges, droit à l’erreur mesuré pour tester, réévaluation trimestrielle.
Comment mieux rémunérer du côté entreprise ?
Pour les entreprises, il est évident que c’est un travail de longue haleine qui a déjà commencé il y a des années de cela. Evangéliser continuellement et démontrer l’importance du rôle du community manager quand on a une présence en ligne et que l’on créé du contenu.
- Clarifier les missions : la recherche des objectifs business, des canaux prioritaires, des responsabilités, des marges de manœuvre, etc.
- Fixer des KPI utiles et un budget outils/formation :gagner du temps et viser la qualité plus que la quantité.
- Reconnaitre la séniorité : si vous recherchez des profils stratèges, capables de faire de la gestion de crise, etc. ce ne sont pas vers des postes juniors qu’il faut s’orienter mais plutôt considérer les séniors avec une solide expérience.
- Intégrer le CM aux services marketing, communication et commercial pour élargir la vision et l’impact sur les objectifs business à atteindre.
- Les bonus sur objectifs : fixer des objectifs avec de primes à la clé sur la satisfaction client comme des délais de réponse raccourcis, générer des leads, gagner en notoriété, etc.
_______________
Si le community manager est mal rémunéré, c’est en partie qu’il reste un rôle « fourre-tout » sans une quelconque recherche de spécialisation. Le manque de reconnaissance du métier est aussi une question de latitude au sein des grands groupes où son rôle est minimisé. Au sein des TPE/PME il est confronté à un manque de budget mais c’est là où il peut toucher à tout, mais malheureusement sans réels cadres, et/ou un tuteur qui l’oriente.
De plus les études sur les salaires n’aident pas, vu qu’elles intègrent le social media manager au même rang que le community manager. Le community manager doit être perçu comme un réel investissement pour lequel il faut pouvoir mettre des vrais objectifs qui répondent aux attentes et besoins des entreprises. Cela signifie aussi qu’il faut avoir une vision et un cap stratégique à prendre avant tout.
On ne confie pas au community manager une communauté de clients et/ou d’utilisateurs, sans définir quoi que ce soit en amont.