L’accessibilité numérique est un sujet encore très peu abordé et considéré par les community managers. Bien que chaque jour des milliers de contenus sont publiés sur les réseaux sociaux sans être pensés pour tous les publics, notamment les personnes en situation de handicap.
- Des textes qui ne sont pas accompagnés d’alternative visuelle,
- Des vidéos qui ne contiennent pas de sous-titres,
- Des contrastes parfois illisibles,
- Des emojis utilisés à outrance…
Ces éléments rendent malheureusement les contenus invisibles et/ou inexploitables pour une part des audiences. Il ne faut pas considérer l’accessibilité comme une option mais une exigence permettant de ne pas créer une forme d’exclusion.
Dans le contexte du RGAA (Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité), de la directive européenne sur l’accessibilité numérique et des bonnes pratiques UX, le community management a son rôle à jouer.
Pourquoi rendre ses contenus accessibles sur les réseaux sociaux ?
3 points majeurs sont à considérer dans l’accessibilité des contenus diffusés sur les réseaux sociaux, dans le cadre d’une activité visant la gestion des communautés en ligne.
1. Toucher une audience plus large
Plus de 12 millions de personnes sont concernées par un handicap en France. Ce chiffre englobe les handicaps visuels, auditifs, moteurs ou cognitifs. En considérant l’accessibilité dans le cadre de votre stratégie social media, vous vous adresserez à un public plus large, souvent négligé dans les actions menées par le community manager.
2. Améliorer l’expérience utilisateur
Créer un contenu accessible conduit à produire un contenu plus clair, structuré et compréhensible. Ce qui peut bénéficier à tout le monde : une personne dans un environnement bruyant ou ne souhaitant pas déranger son entourage, pourra simplement lire les sous-titres d’une vidéo. Un utilisateur malvoyant quant à lui pourra écouter la description d’une image via son lecteur d’écran, etc.
3. Se conformer aux obligations légales
Depuis le 28 juin 2025, de nouvelles obligations sont entrées en vigueur concernant l’accessibilité des services numériques en Europe. Même si les réseaux sociaux n’entrent pas tous dans ce périmètre réglementaire, les contenus produits par les entreprises, notamment par les institutions, pourraient être concernés. Il est donc important de se mettre à jour sur le sujet.
8 bonnes pratiques pour un community management accessible
Voici un guide plus global pour intégrer l’accessibilité dans votre ligne éditoriale :
Renseigner des balises ALT (textes alternatifs) pertinentes
Lorsque tu postes une image, utilise la fonction ALT proposée par les réseaux sociaux. Décris ce que l’image montre, sans jugement ni interprétation.
Exemple :
Ne vous contentez pas de renseigner une balise ALT sans pertinence comme “Une femme” mais plutôt de définir l’image utilisée comme “Une jeune femme assise à un bureau, tapant sur son ordinateur portable »
La balise ALT est accessible sur les plateformes suivantes : X (Twitter), Instagram, LinkedIn, Facebook.
Exemple sur X :
Quand vous partagez une image sur X, vous avez un bouton « Editer » accessible en haut à gauche. Cliquez dessus pour obtenir l’onglet ALT qui vous permettra de décrire votre image.
Utiliser des sous-titres pour ses vidéos
Une majorité d’utilisateurs regardent des vidéos sans activer le son. Sous-titrer permet non seulement de respecter l’accessibilité, d’augmenter l’engagement et de permettre de respecter son environnement. Vous pouvez utiliser :
- Les sous-titres automatiques de YouTube, Facebook ou Instagram
- Des outils comme Kapwing, Subly, Veed.io
S’assurer du bon contraste de couleurs
Le contraste entre le texte et le fond doit être suffisant pour permettre la lecture pour tous. Oubliez les textes blancs sur fond jaune, le rouge sur fond bleu ou encore des visuels trop chargés.
Éviter les murs de texte et structurer votre contenu
Sur les posts partagés sur LinkedIn ou Instagram, pensez à aérer vos contenus en y injectant des sauts de ligne, des listes à puces et des paragraphes courts. Cela améliorera la lisibilité, surtout pour les personnes avec des troubles de l’attention ou cognitifs.
Limiter l’utilisation des emojis
Les emojis sont souvent utilisés à outrance sur les réseau sociaux… la faute à un copié/collé provenant d’une IA ?
- Limitez les emojis dans les textes importants surtout là où ils n’ont pas lieu d’être,
- Évitez d’enchaîner plusieurs emojis à la suite car les lecteurs d’écran lisent ce que représente chaque emoji.
- Réduisez l’utilisation des emojis là où il est utile de mettre l’accent pour une meilleure compréhension du texte.
Utiliser des typographies standardisées
Évitez les polices de caractères « fantaisie » ou les caractères spéciaux générés par des sites externes comme celui-ci : 𝓽𝓮𝔁𝓽𝓮 𝓮𝓷 𝓬𝓾𝓻𝓼𝓲𝓿𝓮. Ces caractères ne sont pas toujours lisibles par les lecteurs d’écran et ne permettent pas de lecture diagonale.
Donner du contexte à ses liens
Évitez les formules comme “cliquez ici” ou juste coller des URL raccourcies sans explication. Préférez plutôt des ancres comme : « Téléchargez le guide complet sur l’accessibilité (PDF, 3 Mo) » sur laquelle vous collerez votre lien.
Se former et sensibiliser ses équipes
Intégrez une checklist accessibilité à votre calendrier éditorial pour sensibilisez également les personnes qui interviennent sur la création des contenus en interne (graphistes, monteurs vidéo, rédacteurs). Plus les équipes seront sensibilisées plus ça deviendra un réflexe.
Les règles spécifiques aux réseaux sociaux
RAPPEL : Sur les réseaux sociaux, ce sont les quelques règles à appliquer pour se conformer aux obligations légales d’accessibilité et éviter l’exclusion.
- Renseigner la balise ALT de ses visuels : Renseignez la balise ALT des images utilisées dans vos contenus en les décrivant. Faites de même pour les images de vos articles de blog.
- Sous-titrer ses vidéos : Les sous-titres aident les personnes malentendantes et celles qui souhaitent ne pas recourir au son lorsqu’elles sont dans les transports notamment.
- Utiliser des couleurs avec un contraste élevé : Créer du contraste dans vos visuels pour améliorer la perception et la lisibilité.
- Ne pas abuser des emojis : Trop d’emojis peut rendre un contenu illisible. Placez-les de préférence là où ils peuvent accentuer la compréhension.
- Employer un langage trop technique ou des acronymes non expliqués : Evitez de surcharger vos textes de langage technique qui peuvent rendre un texte incompréhensible, de même qu’employer des acronymes non définis.
En appliquant ces quelques règles, vous privilégierez l’accessibilité et profiterez de rendre plus clair vos contenus pour vos audiences.
En conclusion
L’accessibilité est une démarche qui concerne aussi les créateurs de contenus dont les community managers. En tant que community manager, vous avez rôle à jouer pour produire des contenus plus accessibles à l’ensemble de vos audiences. En appliquant quelques bonnes pratiques, vous améliorez aussi bien la visibilité que la lisibilité.
Vous valoriserez ainsi l’image de marque de votre entreprise en vous conformant aux obligations légales.