Community Management

La face cachée du community management : ce que personne ne vous dit vraiment

On parle souvent du community management comme d’un métier tendance et dynamique. Mais derrière les paillettes, la réalité est souvent bien plus difficile à vivre.

Le community management est souvent vu comme un univers sympa, passionnant, voir cool : créer du contenu et le poster sur les réseaux sociaux, répondre aux commentaires, faire des stories, etc. ça en fait rêver plus d’un !

Cependant derrière cette image qui laisse présager du bon temps et du rêve, se cache une réalité bien plus brute, parfois ingrate et souvent sous-estimée. C’est la face cachée du community management, que nombre de CM vivent depuis des années, même si ce n’est pas le cas pour tous, fort heureusement.

Décryptons un peu l’envers du décor et ce qu’il faut savoir du métier de community manager.

 

Community manager : un métier sous pression qui ne fait plus rêver !

Si vous êtes community manager freelance ou en agence, vous savez sans doute de quoi je parle. Si vous vous apprêtiez à devenir CM, lisez bien ce qui va suivre. On ne va pas parler de stratégie éditoriale, de réseaux sociaux ni d’algorithmes, mais de la vraie vie d’un CM.

Si ce rôle s’est rapidement professionnalisé, il reste encore mal compris et floue pour quelques acteurs. Le CM est trop souvent perçu comme un exécutant, un stagiaire des réseaux sociaux, un créateur de contenu qui buzz ou un touche-à-tout du digital. Derrière chaque post, chaque crise gérée, chaque commentaire modéré, il y a de la pression, de l’isolement, un manque de reconnaissance. Il peut y avoir un vrai épuisement professionnel chez le community manager dans certains cas.

On va évoquer la  surcharge mentale, les clients toxiques, les demandes absurdes, du temps non rémunéré, de nuits blanches passées à gérer des bad buzz. Mais aussi de ces objectifs où l’on vous demande de faire le buzz et être performant sans budget.

Un petit coup de projecteur sur un métier passionnant, mais qui mérite d’être mieux compris et mieux respecté dans son ensemble. Certains aspects peuvent paraitre exagérés, car tous les CM ne vivent pas ça, mais ceux qui en sont victime préfèrent souvent le cacher jusqu’à parfois se remettre en question.

 

Le community manager un métier sous-estimé

L’une des faces cachées qui devient de plus en plus visible néanmoins, est le manque de reconnaissance qui est un sujet qui touche la rémunération et qui fait du métier un rôle sous-estimé. Le salaire du community manager n’a jamais fait rêver, preuve que c’est plus le métier en soi qui était recherché, au détriment de la rémunération.

Le community manager est est celui qui est omniprésent, y compris les soirs, les week-ends et les jours fériés. Il faut ici sous-entendre « disponible » car au-delà des heures de bureau, il garde toujours un œil sur les plateformes qu’il gère.

Femme community manager en entreprise

Il semble que dans beaucoup d’entreprises, on continue de penser que “poster sur les réseaux sociaux” ne mérite pas de salaire digne de ce nom. Certes ! si on s’arrête sur le fait de poster en négligeant tout ce que cela implique et ce qui est généralement demandé par les entreprises au fil des années.

On te demande d’être :

  • Un bon graphiste sans t’acheter d’outil, en utilisant la version gratuite de Canva,
  • Productif sans budget, ni outils payants,
  • Rédacteur mais sans comprendre le SEO,
  • Vidéaste sans logiciel de montage dédié et avec ton propre smartphone quelque soit le modèle,
  • Stratège sans réellement comprendre les enjeux,
  • Vendre sur les réseaux sociaux,
  • Un magicien !

Et on est loin de brasser toutes les compétences demandées. Quand on regarde certaines offres d’emplois, c’est renversant de voir la liste des attentes et des compétences, pour un salaire qui est jugé indécent.

 

Devenir community manager : la désillusion d’un job de rêve

On vend le community management comme un univers de passionnés où la créativité est souvent au centre. Et c’est en partie une réalité. Mais ce que personne ne dit, c’est que cette passion est souvent exploitée, parce que le CM aime ce qu’il fait, mais malheureusement il finit par accepter beaucoup trop :

  • Travailler en dehors des horaires de bureau (horaires légaux),
  • Répondre les week-end à des messages urgents
  • Réagir rapidement à une situation qui s’est envenimée durant ses congés ou très tard en soirée, etc.

Le CM est passionné et il a aussi une conscience professionnelle, mais de là à ne pas reconnaitre ses valeurs au-delà des heures qu’il fait et ne pas le payer en conséquence, il y a de quoi laisser son job à la porte une fois parti du bureau.

L’absence de reconnaissance : le CM un profil oublié dans le digital ?

On parle beaucoup des métiers du digital, notamment dans les domaines du SEO, de l’UX design, de la data, du développement web, mais pourtant le CM reste à part. On peine à reconnaitre la portée de son travail, même si on s’accorde à dire qu’il faut être présent sur les réseaux sociaux.

C’est un poste régulièrement occupé par les plus jeunes, pour lesquels il devient facile d’accepter un bas salaire pour une première expérience. Pourtant le salaire n’évolue plus réellement après quelques années d’expérience bien que les compétences demandées ne cessent d’évoluer.

Chez les CM freelances, on demande à certains de faire des miracles pour 200 euros/mois avec des missions qui évoluent une fois dedans, et sans supplément bien sûr ! Et en entreprise, on t’ajoute des missions qui ne relèvent pas de ton poste, sans même te demander ton avis. C’est tendance, tout le monde en parle, donc on va solliciter le CM et le mettre dessus.

Tu gères une communauté de plusieurs milliers (voire millions) de membres, tu représentes l’image d’une marque en ligne, tu travailles l’e-reputation de l’entreprise, etc. mais tu n’es jamais convié aux réunions stratégiques.

La pression constante : être toujours réactif et créatif !

La créativité et la réactivité sont 2 choses omniprésentes en community management, c’est le nerf de la guerre. Cependant quand on t’explique ce que cela signifie, ça change le tableau !

  • Il faut être en veille permanente,
  • Il ne faut jamais passer à côté d’une actu,
  • Il faut réagir sur les tendances en 10 minutes,
  • Il faut rédiger, créer, valider, publier… et tout ça dans l’urgence dans de nombreux cas.
  • Il faut être performant et parfois à la performance, c’est à dire être toujours au top et vendre en plus ! etc.

Il faut surveiller une multitude de KPI pour atteindre des objectifs fixés par l’entreprise : le taux d’engagement, le taux de croissance, les interactions, la portée, la rétention, le nombre de clics, les conversions… et par dessus tu as la pression constante pour performer, en ayant rarement de budget.

Les freins en community management sont suffisamment nombreux pour être lucide et intégrer la difficulté à émerger sur le web aujourd’hui.

Le CM doit souvent faire face seul à tous ces enjeux !

Les clients et les managers toxiques

Si vous êtes CM freelance, vous tomberez forcément un jour, si ce n’est pas déjà le cas, sur un client qui :

  • Changera d’avis 3 fois par jour,
  • Qui voudra 10 posts/semaine pour seulement 100€,
  • Qui ne fournira aucun contenu en exigeant des visuels de qualité,
  • Qui validera tout à la dernière minute,
  • Qui vous fera des remarques désobligeantes sur votre travail s’il n’a pas obtenu ce qu’il voulait (à bas prix hein !), etc.

En interne, ce n’est pas forcément mieux, car les CM tombent parfois sur des managers qui ne comprennent rien aux réseaux, mais qu’ils veulent tout contrôler malgré tout. Jamais de budget mais tout à faire dans l’urgence à n’importe quelle heure et n’importe quel jour.

La santé mentale du community manager

On parle peu des burn-out subit par certains community managers. Et pourtant ! ils existent bel et bien et à ce titre il est important préserver sa santé mentale en tant que community manager. Quand tu exerces un métier où tu es exposé en permanence à des commentaires acerbes, du multitâche constant, et que tu dois en plus de ça rester créatif, poli, efficace, le cerveau finit de s’épuiser.

Alors pourquoi le CM persiste dans son métier ?

Parce qu’il aime ce qu’il fait et qu’il a une vraie passion pour créer de l’engagement, créer du contenu et gérer une communauté. La seule reconnaissance qu’il obtient, c’est quand sa communauté réagit positivement, quand un client le remercie, etc. Mais ne soyons pas négatif de bout en bout, il y a aussi des entreprises qui le respecte et qui encourage leur CM.

Si le focus est mis sur la face cachée de cet univers c’est pour indiquer que tout n’est pas rose chez les CM, et que ce n’est plus un métier qui fait rêver comme à ses débuts. Aujourd’hui les entreprises sont de plus en plus dures, la concurrence est rude, et les résultats attendus sont toujours plus élevés.

Si rien de tout cela ne vous concerne, alors vous êtes bien où vous êtes et/ou vous avez de bons clients. Choisir ses clients est un réel privilège, mais qui nécessite quelques années de pratiques et de la reconnaissance pour y parvenir.

Ce qu’il faut faire bouger

Le but n’est pas de décourager, mais d’alerter sur les dérives et le manque de respect de certaines entreprises envers les CM.

Il faut :

  • Continuer à éduquer les entreprises sur le vrai rôle du CM et sur comment rédiger une offre d’emploi,
  • Exiger des contrats et/ou des missions clairs avec des limites horaires et un brief définitif,
  • Mettre en place un vrai accompagnement mental, surtout en agence où la pression est croissante,
  • Valoriser ce métier à sa juste valeur selon les besoins et attentes, avec un salaire décent, etc.

_____________________

Le community management est peut-être un métier de passion, mais aussi de pression. ll ne faut jamais oublier que derrière chaque publication se cache un être humain qui gère, anime, organise, anticipe, crée, absorbe… et qui mérite autant de respect que quiconque.

   

Laurent Bour

Fondateur du Journal du Community Manager et vrai Geek ! je suis passionné par l'univers social media et particulièrement par les nouveaux leviers marketing. J'arpente Internet et les médias sociaux depuis leurs débuts. J'ai assuré mes débuts en informatique sur un Oric Atmos, et j'ai été un vrai fan de l'Amiga. Expert ! Je ne le suis pas. Je continue d'apprendre.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


La période de vérification reCAPTCHA a expiré. Veuillez recharger la page.

Bouton retour en haut de la page
Index